La crémation a connu un essor remarquable ces dernières décennies, passant d'une pratique marginale à un rite couramment choisi. L’encadrement légal de cette pratique ainsi que les évolutions sociétales et religieuses expliquent ce développement. Mais qu'en est-il de l'impact écologique de ces pratiques ? Il peut être tentant de penser que la crémation a un impact carbone plus faible que l'inhumation. Lequel des deux est réellement moins polluant ?
Les croyances sur la crémation
La crémation est parfois perçue comme une option moins polluante, notamment parce qu'elle occupe moins d'espace en terre et que le cercueil utilisé est plus "simple".
Source : étude CSNAF "Comprendre l'empreinte carbone des rites funéraires en France", Octobre 2024
Chaque procédé de crémation émet environ 201 kg de CO₂, en raison de l'immobilisation des fours et de la combustion du gaz. Il faut en effet une certaine quantité d'énergie pour atteindre des températures supérieures à 800°C. Le gaz à lui seul représente 148 kg de CO₂, soit 23% des émissions d'obsèques avec crémation.
De plus, les crématoriums sont contraints de traiter les rejets de particules fines, notamment les métaux lourds et les dioxines. Ces aspects révèlent que la crémation a un impact environnemental significatif.
L'inhumation : en moyenne plus vertueuse
Dans les esprits, l'inhumation peut être perçue comme plus consommatrice d’espace et de ressources, notamment en raison de l'utilisation de caveaux en béton. Ces caveaux, destinés à protéger les sépultures des infiltrations d'eau, sont en effet responsables de 28% de l’empreinte carbone du rite d'inhumation.
L’étude met en exergue le fait que l'inhumation peut être beaucoup plus vertueuse si elle se fait dans une fosse simple, sans caveau, avec un monument funéraire classique.
Il est à noter que le transport représente 27% de l'empreinte carbone pour le déplacement de l'assemblée lors des cérémonies et les visites en chambre funéraire.
Source : étude CSNAF "Comprendre l'empreinte carbone des rites funéraires en France", Octobre 2024
Lorsque les familles choisissent de ne pas avoir de caveau, l'empreinte carbone de l’inhumation est bien moindre, principalement en raison de l’absence de béton.
La pratique de l’inhumation en pleine terre, qui dépend du règlement de chaque cimetière, peut réduire l’impact écologique de l'inhumation, si tel est le choix de la famille.
Le monument funéraire : un impact limité
L’un des points méconnus est que le monument funéraire en lui-même n'est pas particulièrement polluant comparé à d’autres éléments du rite funéraire (transport et caveau).
La fabrication et la pose du monument funéraire ne représentent que 46 kg de CO₂ soit 7,5% des obsèques par inhumation.
Le granit utilisé pour les monuments n’a qu’un faible impact écologique, surtout lorsque le granit provient d'une carrière française. Les granits du Tarn que nous utilisons en autres granits dans nos ateliers proviennent de notre région : Le Sidobre. Ils sont réputés pour leur qualité et leur grande résistance face aux intempéries.
Avec une moyenne de 620 kg CO₂, l'inhumation a un impact légèrement plus faible sur l'environnement que la crémation qui rejette 649 kg CO₂. Ces données sont assez variables d'une famille à l'autre, notamment en fonction du nombre de convives ou de fleurs utilisées lors des cérémonies.
Source : étude CSNAF "Comprendre l'empreinte carbone des rites funéraires en France", Octobre 2024
Conclusion
L’étude réalisée par Oui Act brise l’idée reçue selon laquelle la crémation serait plus vertueuse sur le plan écologique que l’inhumation.
Dans les deux cas de figure, crémation ou inhumation, l’étape des cérémonies génère entre 43 et 50% de l’empreinte carbone totale d’un rite, avec une moyenne de deux cérémonies : l’une sur le lieu de culte et l’autre au crématorium ou au cimetière.
Choisir un mode d'obsèques plus vertueux peut permettre de démontrer son intérêt envers l’environnement.
Dans tous les cas, les obsèques représentent au global un faible coût écologique à l'échelle d'une vie puisque cela équivaut à 1 mois d'émissions d'un Français moyen par an.